Hymne à la Méditerranée(12 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Je me souviens d'un certain soir de Noël passé en famille chez mon frère Bernard où la discussion faillit se terminer en pugilat. La discussion tournait autour du cinéma que le frère de ma belle-sœur, qui travaillait dans la Culture, avait visiblement du mal à considérer comme un art. D'autant plus que de notre côté nous défendions des cinéastes comme Beineix, Besson et Carax. Des cinéastes qui venaient d’apparaître pratiquement en même temps et apporter un vent nouveau. Pour la première fois depuis le déferlement de la Nouvelle Vague. Beinex avec Diva (1980) et La Lune dans le caniveau (1983), Besson avec Subway (1985) et Carax avec Mauvais sang (1986). Ces films sont restés pour beaucoup de cinéphiles des films-culte. D’autant plus qu’ils n’ont pas fait de petits. Leurs auteurs ont fait autre chose plus tard. Et leurs successeurs sont revenus à un cinéma réaliste. Je dois avouer que j'avais un faible tout particulier pour Beineix. Les rouges, les jaunes et les bleus de Diva me faisaient jouir. Et me font jouir encore aujourd’hui. C'est peut-être du kitsch, c'est peut-être une esthétique un peu frelatée mais je ne puis résister. Encore plus pour La lune dans le caniveau, que pourtant toute la critique a descendu. Peut-être est-ce parce que j'aime Goodis et que je connais Philadelphie. Mais j'avoue que je trouve ce film génial. Bien sûr il y a des morceaux qu'il aurait fallu couper, la montée vers la cathédrale, le mariage, les scènes dans un hôpital (ou est-ce une morgue ?). Mais tout ce qui se passe dans la rue, les pavés mouillés, les flaques de sang, la publicité rétro sur les murs et surtout cette scène extraordinaire où quatre dockers travaillent debout sur un container sous une pluie battante et où les bas des pieds disparaissent derrière un écran de pluie qui rejaillit, ce qui fait que les dockers semblent être en élévation comme les vieux mystiques espagnols qui à force de jeûner et de s'absorber dans la pensée infinie de Dieu finissent par planer au-dessus du sol. Les couleurs et la musique omniprésente (celle d’Eric Serra) on les retrouve dans Subway de Besson. Et la folie du voleur sur roulettes pourchassé par Batman et Robin. Même folie dans Mauvais Sang de Carax avec l’acteur-danseur-acrobate-mime Denis Lavant. Mais en réalité ce ne sont ni Beineix, ni Carax, ni Subway qui ont déclenché la grande bagarre dont on se souvient encore dans la famille, mais Le Grand Bleu de Luc Besson. D'un côté nous étions trois irréductibles, Annie, Francine et moi (nous avions vu le film trois fois), d'un autre côté on nous regardait avec commisération et ma réputation d'intellectuel fondait à vue d'œil.
Le malentendu était inévitable. C'était d'ailleurs comique. Il est évident que le film n'est pas un chef-d'œuvre inoubliable du septième art. Et les autres pensaient que nous essayions de faire passer pour de l'art une œuvre qui ne faisait que nous rappeler quelques souvenirs de vacances passées à la mer.
En réalité ce film est tout à fait autre chose. Il est d'abord la traduction en images et en symboles (le dauphin) des sensations qu’éprouve un homme qui a la nostalgie d'un monde qui est naturellement étranger à l'homme et qui est le monde aquatique.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.