Ecrivains de Cacanie I (Kraus, Hofmannsthal, Schnitzler, Kafka)(29 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
C’était la Belle Epoque à Vienne, en 1900. Comme à Paris d’ailleurs. Mais dans cet Empire que Musil avait appelé la Cacanie (du KK, Kaiserlich-königlich) on entendait déjà l’orage gronder au loin. Ce n’était d’ailleurs pas un orage mais un tremblement de terre qui se préparait. Un cataclysme qui allait entraîner non seulement la fin de la Cacanie mais apporter mort, destruction et horreur dans toute l’Europe. Et les sismographes de cet événement étaient les écrivains, les écrivains de la Cacanie.
Et le premier d’entre eux, levant haut sa torche (sa Fackel), voyant venir l’ère nouvelle, la médiacratie, la langue de bois, la déshumanisation et la fascination pour la guerre à venir, était l’écrivain, journaliste et polémiste Karl Kraus.
Karl Kraus et sa Fackel
Au cours des années 80 un Allemand est venu démarrer ici à Luxembourg une activité de libraire-antiquaire. Il n'a pas fait long feu. Je crois pourtant avoir été un bon client pour lui. Mais cela n'a probablement pas suffi pour rendre son entreprise rentable. Un jour il me propose de venir avec lui à Brème voir un vieux professeur d'université qui avait mis sa bibliothèque en vente parce que l'état de ses yeux ne lui permettait plus de lire (quel drame ce serait pour moi si cela devait m'arriver un jour !). Nous nous sommes bien vite aperçus que le voyage n'en valait pas la peine : quelques belles reliures (il faisait relier au Portugal) mais de livres récents, beaucoup de publications de l'école de Francfort et de son maître Adorno (mais qui n'intéressaient pas directement mon ami), toute l'oeuvre d'André Gide avec quelques belles éditions de Corydon et les poèmes de Constantin Cavafy (le vieux professeur était visiblement aussi un vieux pédéraste) et puis dans un coin les 12 volumes de la revue Die Fackel de Karl Kraus. Le professeur me regardait d'un oeil suspicieux, se demandant ce que cherchait ce Français chez lui et soupçonnant mon ami de vouloir le rouler ou même de lui voler en douce les plus beaux de ses précieux livres. Finalement je suis reparti avec quelques Heinrich Mann, une belle édition du théâtre de Marivaux très joliment reliée et la collection complète de la Fackel (voir : Die Fackel, Herausgeber : Karl Kraus, Vol. 1 à 12, édit. Zweitausendundeins, Francfort, copyright Kösel-Verlag, Munich, 1968-1976).
J'avais déjà entendu parler de ce Karl Kraus et de cette incroyable performance : la publication d'une revue depuis 1899 jusqu'en 1934, sans aide d'aucune sorte, rédigée pratiquement tout seul, une revue qui faisait la pluie et le beau temps à Vienne, la terreur des journalistes, un chef d'oeuvre de la langue allemande, disent certains, et l'un des plus beaux exemples de satire politique et sociale que l'on connaisse en Europe.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.