Ecrivains de Cacanie II (Canetti, Musil)(24 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Elias Canetti
Je viens de relire les trois livres autobiographiques de Canetti qui vont de sa petite enfance à Roustchouk en Bulgarie jusqu’en 1937 lorsqu’il enterre sa mère au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Elias Canetti : Die gerettete Zunge, Geschichte einer Jugend, édit. Carl Hanser Verlag, Munich/Vienne, 1977.
Elias Canetti : Die Fackel im Ohr, Lebensgeschichte 1921 - 1931, édit. Carl Hanser Verlag, Munich/Vienne, 1980.
Elias Canetti : Das Augenspiel, Lebensgeschichte 1931 - 1937, édit. Carl Hanser Verlag, Munich/Vienne, 1985.
Et je suis un peu déçu. Mais c’est le problème de tous les écrits autobiographiques : ils relatent souvent des événements, des rencontres, des personnages qui ont eu une certaine importance pour celui qui les raconte mais qui nous paraissent, à nous qui ne sont pas impliqués, d’une grande banalité. Même si les personnes décrites sont connues. Mais que nous importe au fond que Bertold Brecht soit quelqu’un de moralement douteux, que Musil se vexe quand on le met sur le même plan que Thomas Mann, que Kokoschka parle d’une voix douce et ait un oeil de calamar et qu’Alban Berg soit un grand modeste ! Il n’y a que le témoignage sur Karl Kraus qui fascine, car il montre l’influence extraordinaire que cet homme a pu avoir sur l’intelligentsia viennoise (Canetti a assisté à une centaine de lectures publiques de Kraus, pendant longtemps il n’a pas voulu lire Heine parce que Kraus le condamnait et plus tard encore, ayant loué une maison à Grinzing et s’apercevant qu’il a pour voisin le fils de l’ancien Directeur de la Freie Presse, l’ennemi mortel de Kraus, il refuse de jeter un regard de son côté). Par contre, à la fin de sa vie, entre le moment où Kraus arrête de s’exprimer sur la politique et sa mort accidentelle en 1936, Canetti, et tous ses amis avec lui, le méprisent (il a soutenu Dollfuss qu’il pense être le dernier rempart contre Hitler), ignorent sa mort et ne se rendent même pas à son enterrement.
On trouve pourtant dans ces souvenirs d’autres aspects qui sont intéressants à plus d’un titre.
Ainsi on se rend mieux compte que ces juifs d’Europe cen-trale sont des Européens avant l’heure. Ce qui frappe d’abord - et Dieu sait si on le leur a reproché - c’est qu’ils ne connaissent pas de frontières. Ils parlent toutes les langues. Ils ont des membres de leurs familles dans tous les pays. La famille des Canetti fait partie des juifs « Spaniols ». Ils constituent une véritable caste qui méprise les autres juifs qu’ils soient d’origine allemande (les Tedescos) ou polonaise ou russe. Et leur véritable langue maternelle est encore l’espagnol, ou plutôt le vieil espagnol tel qu’il était parlé quand on les avait expulsés bien des siècles auparavant. Le magasin du grand-père s’appelle la butica, le fils aîné porte le nom traditionnel de Bucco et quand la mère d’Elias enfante dans de grandes douleurs son deuxième fils (Nissim qui sera plus tard le fameux Jacques Canetti des Trois Baudets), elle n’arrête pas de crier : « Madre mia querida ! ». Et elle salue son père (c’est un Arditti comme notre comédien) par la formule traditionnelle : « Li beso las manos, Senior Padre ! ».
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.