Claude Vigée et l'Alsace(18 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Il y a deux ans environ, emmenant mon chien Pirate en voiture pour aller nous promener dans les hauteurs de Cannes sur le chemin des Mimosas, j’entends soudain à la radio une interview de Claude Vigée qui parle de ses nombreux exils, de son apprentissage, en compagnie de sa femme et de ses enfants, d’une langue nouvelle, l’hébreu, à son arrivée en Israël. Et puis j’apprends qu’il est à Paris – je dois calmer Pirate qui s’impatiente – que son épouse est morte et qu’il va l’enterrer, ou qu’il l’a enterrée, à Bischwiller en Alsace. Cette idée me touche. Voilà quelqu’un qui comme bien d’autres juifs européens a choisi de s’installer en Israël, tournant le dos à cette Europe qui leur a fait tellement de mal, et qui, finalement, arrivé au terme de sa vie, revient en France, revient en Alsace, revient au lieu où tout a commencé, revient au lieu de sa naissance. Boucle la boucle. Et, peut-être trouve la paix. Peut-être…
Mon frère Pierre m’avait apporté les récits de son enfance au CHU où j’avais été opéré d’un cancer du colon (c’était en été 2000). Mais, était-ce l’ambiance de l’hôpital, étaient-ce certains passages un peu drus (le marchand de chevaux de la famille), je n’étais pas entièrement convaincu par la qualité de ces textes. Mais cette fois-ci, me suis-je dit, il faut que j’apprenne à mieux le connaître. Après tout s’il n’y avait pas eu la guerre, si nous avions été plus proches en âge, nous aurions pu nous connaître, nous étions voisins. Je suis arrivé à Haguenau en 1943 à l’âge de 8 ans et j’y suis resté jusqu’à la fin de mon adolescence. Bischwiller n’était qu’à dix kilomètres de Haguenau. Dans les deux villes il y avait d’importantes communautés protestantes et israélites (et comme pour les narguer, à mi-chemin, se trouvait Marienthal, couvent et lieu de pèlerinage à la Sainte Vierge !). Mais j’ai eu du mal à trouver ses œuvres à Luxembourg. Et ce n’est que récemment que j’ai pu acquérir son grand livre de poésie édité chez Galaade Editions en 2008 : Mon Heure sur la Terre, poésies complètes 1936 – 2008. Livre que je viens de parcourir. Cette heure sur la terre heure qui est toute une vie. Une vie en poésie.
Claude Vigée a connu de nombreux exils, départ forcé de l’Alsace en 1939, séjour d’abord à Toulouse, puis nouveau départ (en 1942) pour les Etats-Unis (Ohio d’abord, puis la Nouvelle Angleterre) et finalement choix de la Terre Promise au début des années 60. Or toute arrivée dans un nouveau pays signifie en général immersion dans une nouvelle langue. Une immersion toujours douloureuse. Surtout pour un poète. Mais ce qui frappe chez Claude Vigée – c’est Michèle Finck qui introduit le volume qui le souligne – c’est que la première souffrance de cet ordre qu’il a subi c’est l’imposition du français dès l’école primaire, « arrachant ainsi l’enfant », dit Michèle Finck, « au dialecte alsacien du foyer, langue substantielle pétrie de la pâte du réel et de l’immédiateté physique ».
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.