Jack London, socialiste(28 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Francis Lacassin regrette qu’à cause de la Bibliothèque Verte les Français prennent Jack London pour un écrivain pour enfants. Et il a essayé de leur prouver le contraire en publiant son oeuvre complète dans la collection 10/18 (51 volumes !) avec moult préfaces et annotations. Et moi, ce que je voudrais montrer ici, c’est que London est le premier et, me semble-t-il, le seul véritable écrivain socialiste prolétaire américain. Encore que, une fois de plus, Francis Lacassin m’a précédé semble-t-il, puisqu’il a étudié lui aussi l’activité militante de Jack London dans la préface d’un des 51 volumes de la collection 10/18 consacrés à cet auteur : Yours for the Revolution (c’est ainsi que London signe ses lettres, on le verra plus loin). Mais je n’ai pas réussi à me le procurer et il est probablement épuisé.
Bien sûr, moi aussi, je suis de la génération Bibliothèque Verte et j’y ai lu Croc-Blanc, Jerry dans l’Ile, Michaël chien de cirque et Belliou-la-Fumée et quand j’ai découvert chez un libraire-antiquaire de Toronto ces titres dans leurs éditions originales aux couvertures souvent joliment illustrées, je les ai tous achetés. Je sais, bien sûr, que London avait beaucoup de cordes à son arc (c’était un merveilleux conteur). Et qu’il avait aussi pas mal de défauts. Il avait été influencé par Darwin, Spencer et Nietzsche (qu’il avait probablement mal lu) et ne s’est jamais complètement débarrassé de certaines conceptions racistes (supériorité de l’homme blanc et, parmi les Blancs, supériorité de l’Anglo-Saxon blond aux yeux bleus). Il faut dire que lui-même était une véritable force de la nature et qu’il avait une résistance physique hors du commun et une volonté de fer, ce qui n’incite guère à avoir pitié des faibles. Il est vrai aussi que ces conceptions lui ont inspiré l’un de ses meilleurs romans, Le Loup de Mer, et influencé aussi un autre de ses chefs d’oeuvre, pourtant très anti-bourgeois et pas mal autobiographique, Martin Eden. Et pourtant London a prétendu plus tard que le Sea Wolf était un écrit anti-nietzschéen et que Martin Eden était une condamnation de l’individualisme. Sa fin de vie n’était pas très heureuse. Son rêve, partir dans les Mers du Sud sur son propre yacht payé avec les revenus de ses livres, a tourné au cauchemar : affreusement malade, hospitalisé en Australie, il n’a récupéré qu’après son retour en Californie (d’après la description de sa maladie je me demande si ce n’était tout simplement qu’une allergie au soleil et à l’eau de mer : les Anglo-Saxons à la peau claire et aux yeux bleus ont aussi quelques faiblesses !). Son autre rêve : un ranch, des chevaux, famille et amis autour de lui, est parti en fumée : le jour même où sa maison a été terminée, elle a brûlé de fond en comble. Et ses amis l’ont ruiné. Et lui n’avait pas d’autre ressource que d’écrire et d’écrire encore, des nouvelles et romans pas toujours très bons. Au point même qu’il a fini par haïr son métier d’écrivain. Et puis pour finir il s’est éloigné de ses amis socialistes, ayant perdu le contact avec le monde du travail. Alors qu’en 1909 encore il saluait la révolution mexicaine, deux ans plus tard il approuve l’entrée au Mexique de l’armée américaine (sous un prétexte futile, en réalité pour protéger les intérêts de ses pétroliers). Et finalement peu de temps avant sa mort il envoie une lettre de démission au Parti, non parce qu’il avait perdu foi dans le combat contre l’oligarchie capitaliste mais parce qu’il ne croyait qu’en la force, la révolution, et non dans le compromis. Mais j’anticipe...
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.