Au Temps du Shah(11 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Ma société luxembourgeoise avait été créée tout de suite après la guerre, sur la base du brevet d’un treuil tout à fait original, par deux Français dont l’un s’était contenté d’apporter les fonds. Son associé qui était d’origine libanaise allait diriger la société avec beaucoup d’énergie et de sens du commerce. Très rapidement il allait créer des filiales en Allemagne, au Brésil, en Afrique du Sud et, un peu plus tard aux Etats-Unis. Et puis créer un réseau mondial d’agents, du moins dans les pays pour lesquels la société avait acquis les droits industriels, et tout particulièrement au Moyen Orient. A Téhéran c’était une entreprise de Travaux Publics qui, ayant besoin de nos treuils de chantier, était devenue notre agent exclusif. Elle avait été créée par d’anciens partisans de Mossadegh. Certains d’entre eux avaient même participé à son Gouvernement. Le Président de la société qui était ingénieur de Sup-Elec avait été ministre du Plan ou de l'Energie. Son fils était un play-boy et plaisait paraît-il beaucoup à la sœur du Shah. Le Directeur Général était un autre ex-ministre de Mossadegh (de la Propagande !) et grand propriétaire terrien du côté de Kermânchâh. Tous les deux faisaient partie des vingt ou trente grandes familles qui gravitaient maintenant autour du Shah.
Tout aurait pu très bien continuer son cours tranquille si un jour ils n'avaient pas eu l'idée saugrenue de vouloir faire une usine en collaboration avec nous. Et si nous n'avions pas eu l'idée aussi saugrenue d'accepter. Je suppose que la peur de nos concurrents japonais qui commençaient à envahir le pays a été le facteur prépondérant dans notre prise de décision. Nous pensions bien naïvement, il faut le dire, qu'une fois l'usine faite l'Iran fermerait ses frontières à toute copie de nos treuils de quelque origine que ce soit. Eh bien les désillusions allaient se suivre à un rythme de plus en plus rapide. D'abord, nous pensions obtenir la majorité de la société. Or la loi l'interdisait. Mais on nous avait dit qu'avec des actions au porteur on pouvait toujours s'arranger. Leur Président en tout cas nous l'assurait. Mais une fois les autorisations obtenues et le montage juridique préparé... volte-face du Président. « Comment aurais-je pu vous assurer une chose pareille alors que ce serait clairement enfreindre la volonté de Sa Majesté ? », nous dit-il. Sur ce premier échantillon d'hypocrisie persane, nous sommes partis. Et nous n'aurions jamais dû revenir...
Quelques mois plus tard, le fils du Président (le fameux play-boy qui était, en plus, mythomane puisqu'il prétendait s'être engagé dans l'armée américaine, avoir fait le Vietnam et avoir été promené dans une cage par les Vietnamiens qui l'auraient capturé...) et le Directeur Général sont venus à Luxembourg nous faire une nouvelle offre. Nous serions minoritaires mais on allait nous faire cadeau de la moitié de nos actions. Ils allaient tout financer. Ils avaient déjà acheté le terrain. Nous pourrions diriger la société comme nous voulions, etc... Et nous avons accepté. Et le piège s'est refermé sur nous.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.