Claude Simon, la guerre, la cavalerie... et ma guerre à moi(22 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Lorsque le Nouveau Roman s'est soudain imposé avec beaucoup d'éclat et de publicité - et j'ai encore vu tout dernièrement une photo de groupe, qui avait dû paraître à l'époque dans le journal France-Observateur, et qui les rassemblait tous, de Butor jusqu'à Robbe-Grillet en passant par la Sarraute, Claude Simon, et quelques autres qu'on a oubliés depuis, réunis autour de leur mentor, le créateur des Editions de Minuit, ce qui montrait bien que c'était une véritable entreprise de marketing littéraire - j'ai été assez rapidement rebuté par tout cela comme par tout phénomène de mode. J'ai bien apprécié La Modification qui semblait effectivement apporter quelque chose de nouveau, par cette présence un peu inquiétante de tous ces éléments du compartiment, cuivres, boutons, courroies de fenêtres reflétant l'état d'esprit incertain de la dame partie vers l'Italie. J'ai beaucoup aimé Moderato Cantabile et cette atmosphère un peu distanciée et mélancolique. Mais quand je suis tombé sur Les Gommes ou je ne sais plus quel roman qui commence par décrire pendant dix pages les lignes géométriques des ombres sur une coque de bateau qui se rencontrent ou ne se rencontrent pas, puis celles du quai, puis celles de la proue... j'ai dit adieu au Nouveau Roman et je me suis repris une tranche de « l'ancien ». Ce qui fait, qu'à l'époque, je ne sais comment, j'ai raté le seul qui valait vraiment la peine, le si merveilleux, le plus grand de nos écrivains d'après-guerre, le seul vrai artiste, Claude Simon.
C'est d'autant plus bizarre que j'avais bien entendu parler à l'époque, et probablement avec beaucoup d'éloges, de La Route des Flandres et que je n'ai pas complètement fermé la porte au Nouveau Roman puisque j'ai encore dans ma bibliothèque plusieurs œuvres de Robbe-Grillet. Il est vrai que celui-là est un peu érotique sur les bords. Il aime bien les jeunes filles, surtout quand elles sont emprisonnées et enchaînées. Et il a quand même réussi un très bon roman à l'atmosphère envoûtante, La Maison de Rendez-vous.
En tout cas, c'est beaucoup d'années plus tard que j'ai lu mon premier roman de Claude Simon, Les Géorgiques je crois, et j'ai tout de suite été frappé par cette langue si ciselée, si chatoyante et qui coule pourtant d'un flux si harmonieux. Annie ouvre un roman de Claude Simon, lit une page et se tourne vers moi : « Voilà un vrai écrivain ». Voilà un jugement auquel il n'y a pas grand-chose à ajouter. Il faut revenir à Stendhal, aux romans du 18ème siècle pour trouver un tel plaisir. Chez les contemporains, il n'y a que l'auteur du Château d'Argol qui pourrait s'y mesurer. Mais il est tellement austère.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.