Deux Japonaises de l'An Mille(4 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Je trouve cela assez extraordinaire : l’auteur de la première fiction romanesque, le célèbre Roman de Genji, qui est en même temps le premier chef d’oeuvre - tout le monde en convient - de la littérature japonaise, est une femme ! Murasaki Shiribu. Et c’est une autre femme, Séi Shônagon, qui, pratiquement à la même époque, invente une autre forme littéraire très libre : une espèce de journal fait de notes et de réflexions ! Et tout ceci au tournant du Xème et XIème siècles. Quand on pense à la place que la civilisation japonaise a faite à la femme dans les siècles qui ont suivi ! Pourtant André Beaujard qui a édité Les Notes de Chevet de Séi Shônagon’ à la Librairie Orientale et Américaine G.-P. Maisonneuve en 1934 et qui les a amplement commentées dans un autre ouvrage publié en même temps chez le même éditeur (Séi Shônagon’, son temps et son œuvre : une femme de lettres de l’ancien Japon), nous donne une image plutôt nuancée de la situation réelle de la femme à l’époque des dames Shônagon et Murasaki. Il est vrai, dit-il, que la beauté était courtisée, et même qu’on respectait les femmes qui brillaient par leurs talents (c. à d. calligraphie, musique et érudition poétique) autant et plus que par leur beauté. Mais ce sont bien les hommes qui avaient le pouvoir. Et le sort des différentes épouses du Souverain n’était pas toujours facile : chacune vivait dans la crainte perpétuelle d’être supplantée et pourtant n’avait pour seule solution que celle, dangereuse, de s’entourer d’une cour de dames renommées pour leur beauté et leurs talents. Quoi qu’il en soit « une chose est certaine », nous dit Beaujard, « c’est que la littérature japonaise des dernières années du Xème siècle et du commencement du XIème fut une littérature féminine ».
Celle qui est connue sous le nom de Murasaki Shikibu est probablement née aux alentours de 976, s’est mariée vers 998-999, est venue à la Cour impériale vers 1005, y est restée au service de l’impératrice jusqu’à 1013 environ et a dû mourir relativement jeune vers 1015. Elle était la fille d’un gouverneur provincial qui, en constatant les capacités intellectuelles de sa fille, a regretté amèrement qu’elle ne soit pas un garçon ! Sa famille faisait partie d’une branche mineure de la grande famille des Fujiwara qui a régné sur le Japon pendant la majeure partie de l’ère Heian, c. à d. cette grande période de paix qui va de la fin du VIIIème à la fin du XIIème siècle. En l’an 800 qui correspond plus ou moins au transfert du siège impérial de Nara à Kyôto (pour échapper à l’emprise trop forte des bouddhistes, prétendent certains historiens) on peut considérer que l’organisation centralisée du gouvernement était achevée. Les Aïnous ne constituaient déjà plus un danger. Le bouddhisme était devenu religion d’Etat (shintoïsme et bouddhisme avaient trouvé un modus vivendi). La civilisation peut alors fleurir. Et d’abord la poésie qui se japonise tout en restant sous l’influence de la poésie chinoise des Tang. C’est aussi le début des chroniques historiques, toujours à la mode chinoise. Et puis vient l’essor des journaux intimes, mêlés de réflexions. Et puis vient Murasaki et son Roman de Genji.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.