Le Livre des Rois de Ferdousi(19 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Pendant longtemps Ferdousi ne représentait rien d'autre pour moi que le nom d'une avenue de Téhéran. Avenue que j'ai souvent parcourue à pied ou en voiture pour me rendre dans les bureaux de la société qui était alors notre agent en Iran. C'était une époque dont je n'ai pas gardé de très bons souvenirs. Nos partenaires faisaient partie des vingt ou trente grandes familles qui gravitaient autour du Shah. Tout aussi imbues d'elles que l'était le Shah lui-même qui se disait descendant du grand Xerxès. On a eu le malheur de s’associer à eux. On a eu le temps de bien les connaître, leur morgue, leur hypocrisie et finalement leur incompétence. Et tout a très mal fini, avant même que le régime s’écroule.
Ce qui ne m’a pas empêché d’admirer la Perse et son ancienne culture. Je trouve qu'il est déjà difficile de comprendre à quelle vitesse l'Islam et la culture arabe se sont étendues vers l'Ouest, prenant en un tour de main l'Afrique du Nord et l'Espagne avant de s'enfoncer dans l'Afrique Noire. Mais ce qui est encore plus étonnant, c'est que cette religion sortie du désert - et la culture qui y était attachée - ait pu conquérir un vieux pays comme la Perse. Même si Xerxès et Alexandre étaient loin, le pays avait gardé son unité sous les Sassanides. Et si la religion de Zoroastre avait un peu dégénéré, elle reposait malgré tout sur des principes philosophiques puissants. Or, l'Islam a balayé tout cela, la Perse a commencé à vivre à l'heure de Bagdad et la langue arabe est devenue la grande langue de communication et de culture.
Je me demande si les Persans n'en veulent pas encore aujourd'hui aux Arabes à cause de tout ceci. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ne les aiment pas et même qu'ils les regardent avec beaucoup de hauteur. D'ailleurs ils ont réussi à créer leur propre Islam. Le Livre des Rois a probablement été la base sur laquelle ils ont pu rebâtir leur fierté nationale. C'est en tout cas la première œuvre majeure écrite en persan après la conquête arabe du 7ème siècle. Et c'est une œuvre magique. Je l'ai d'abord découverte chez Sindbad qui n'en a édité que des fragments. J'en ai été tout de suite ébloui. Un mélange de chansons de geste, de Chevaliers de la Table Ronde, de Mille et Une Nuits. J'ai essayé de trouver une édition complète. Il n'y en avait pas. Si ce n'est la traduction, faite au siècle dernier par l'orientaliste Jules Mohl. J'ai fait le siège de Monsieur Samuelian de la Librairie Orientale, rue Monsieur Le Prince, qui a récupéré effectivement quelques volumes, de très grand format et en très mauvais état, de cet ouvrage. Finalement, j'ai découvert que l'Imprimerie Nationale rééditait un fac-similé, en plus petit format, de l'édition originale, en persan et en français, et j'en ai fait l'acquisition (voir : Abou’lkasim Firdousi : Le Livre des Rois, publié, traduit et commenté par Jules Mohl, réimprimé avec l’autorisation de l’Imprimerie Nationale par Jean Maisonneuve, 1976, édition bilingue, en neuf tomes). L'Imprimerie Nationale dispose d'ailleurs en France de la plus belle collection de caractères de tous types et de toutes les écritures. Il est dommage que ses éditions restent confidentielles et soient si mal distribuées.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.