Segalen, Gauguin et les Maoris (et Moerenhout, Melville et Max Radiguet)(28 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Victor Segalen est mort en 1919, à 41 ans, seul, dans une forêt bretonne, d’une hémorragie due à une blessure faite à la jambe et d’épuisement. Mais malgré sa brève vie il avait créé une oeuvre dont toute l’étendue et l’importance n’allaient être vraiment appréciées qu’après la deuxième guerre mondiale. Trois aspects de son oeuvre m’intéressent tout particulièrement. Son expérience polynésienne d’abord, d’où surgissent ces Immémoriaux où il fustige à la fois les missionnaires chrétiens qui sont les principaux fossoyeurs de l’ancienne culture maorie, et les Polynésiens qui ont accepté leur déchéance, et où il continue en quelque sorte le combat de Gauguin. Son expérience chinoise aussi bien sûr, expérience dont sont sortis ce roman étrange, étrange à la fois par sa conception et par sa genèse, René Leys, ainsi que ces poèmes si particuliers, les Stèles. Et puis sa théorie sur l’exotisme, cette esthétique du divers, une étude jamais terminée et qui ne sera éditée par sa fille qu’en 1978 (Essai sur l’exotisme), mais qui n’a pas fini de faire des émules (Kenneth White, Nicolas Bouvier) ni d’être la source de nombreuses études, de colloques et de revues (les Carnets de l’Exotisme). Et puis Segalen était un homme passionné. Et les hommes passionnés me passionnent.
En 1999 la Bibliothèque nationale de France a organisé une exposition en hommage à Victor Segalen dont la presque totalité de l'oeuvre se trouve dans ses collections ainsi que de nombreux manuscrits, journaux, notes, lettres, dessins, photographes, etc. Un grand nombre de ces documents sont représentés dans l'ouvrage publié à l'occasion de l'exposition, ouvrage qui comporte également d'intéressantes contributions de Henry Bouillier, d'Anne Joly-Segalen (sa fille décédée peu de mois avant l'exposition), de Jean-Pierre Angrémy (l'écrivain Pierre-Jean Rémy) et de Jean Malaury entre autres. Voir : Victor Segalen, Voyageur et Visionnaire, (ouvrage publié à l'occasion de l'exposition du même nom, sous la direction de Mauricette Berne), édit. Bibliothèque nationale de France, 1999. C’est dans cet ouvrage que j’ai puisé une grande partie des données biographiques relatives à Victor Segalen ainsi que dans la grande biographie de Henry Bouillier : voir Henry Bouillier : Victor Segalen, édit. Mercure de France, Paris, 1986 (il s’agit d’une édition revue et corrigée ; la première édition date de 1961). Le livre de Henry Bouillier est d’ailleurs plus que cela. C’est une véritable biographie littéraire, dans le sens où elle ne suit pas seulement l’évolution intellectuelle de Segalen mais fait en même temps une analyse en profondeur de son oeuvre. Mais commençons d’abord par nous embarquer pour la Polynésie…
Quand Segalen s’embarque le 10 octobre 1902 pour rejoindre, en tant que médecin de deuxième classe, la Durance, un vieux bâtiment naviguant à la voile et au moteur et stationné à Tahiti, il a 24 ans. Il avait soutenu une thèse au titre surprenant de « Les cliniciens des lettres » et qui traitait des « névroses dans la littérature contemporaine », avait été très impressionné par les symbolistes, surtout par Huysmans (La Cathédrale et A rebours) et avait déjà réussi à faire publier un article dans le Mercure de France intitulé Les Synesthésies et l’Ecole symboliste.
Pour le moment, en débarquant à Tahiti, il est simplement frappé, comme tout homme jeune, sensible et donc sensuel, par les couleurs, les odeurs, la chaleur, l’humidité tropicales et la nature simple et gaie des Polynésiens.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.