Henri le vert de Gottfried Keller(9 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Trois écrivains de langue allemande ont marqué le temps de mon adolescence : le Suisse Gottfried Keller, l’Allemand du Nord Theodor Storm et la poétesse de Westphalie Annette von Droste-Hülshoff.
Gottfried Keller a eu une importance toute particulière pour moi. Parce qu’il m’a aidé à sauter définitivement le pas, à un moment où j’étais de toute façon déjà prêt, à me détacher de la foi de mon enfance. J’y reviendrai.
Mais Henri le vert (le grüne Heinrich) est plus que cela (voir : Gottfried Keller : Ausgewählte Werke, Tomes 1 à 3 : Der grüne Heinrich, édit. Schlüter et Co, Leipzig, 1926. Le 4ème Tome comprend les Nouvelles zurichoises, les Gens de Seldwyla et sa poésie). C’est un véritable monument de la littérature allemande du XIXème siècle. Un brillant roman de formation, mais qui est en même temps un roman autobiographique, une véritable confession de Gottfried Keller lui-même. Ce qu’on y lit ce n’est pas simplement la formation du héros du roman, Heinrich Lee, mais c’est toute l’évolution de la pensée et de la personnalité de son auteur.
Voici le thème : le héros après avoir passé plusieurs années à Munich pour y faire son apprentissage de peintre, décide de rentrer chez lui en Suisse, ayant reconnu tristement, mais définitivement, qu'il avait du talent, peut-être, mais non du génie. C'est avec cet esprit désenchanté qu'il fait traîner son voyage de retour en longueur. Il va d'ailleurs rentrer trop tard pour retrouver sa mère encore vivante, ce qui va le culpabiliser un peu plus mais symboliser aussi sa propre maturation. En attendant, il s'arrête chez un châtelain où l'on philosophe beaucoup (Feuerbach est le philosophe dont tout le monde parle). Or le châtelain a une fille, une fille adoptive, une enfant trouvée, Dorothée, qui a ceci de remarquable, et qui étonne tous ses proches, c'est qu'elle ne croit pas à une vie après la mort. Elle fait le désespoir du curé qui fréquente, comme il se doit, le châtelain. Elle fait l'émerveillement du bel Henri qui la voit souriante, heureuse, s'occuper des roses et des abeilles. C'est comme une révélation subite pour lui : que l'on puisse accepter la mort comme une fin définitive, et qu'au lieu d'avoir du chagrin, on puisse, tout au contraire, être d'autant plus heureuse car le moindre plaisir, de par sa fragilité même, en devient plus intense. J'en étais aussi émerveillé que le vert Henri.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.