Petit voyage (littéraire) autour de la Méditerranée(38 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
C’est drôle, mais en cherchant un écrivain qui personnifie la Méditerranée, le premier qui me vient à l’esprit est un Anglais, de mère irlandaise et né dans l’Himalaya. Mais tout le monde a le droit de tomber sous le charme de la Méditerranée et, sans aucun doute, cela a été le cas de Durrell. D’abord il a aimé les îles, a vécu en Crète, à Chypre (voir Citrons acides), à Corfou, à Cos, à Patmos, à Rhodes et finalement sur la scène où se joue le drame de son Quatuor : Alexandrie. Une ville qui, à son époque du moins, - car aujourd’hui Alexandrie a perdu son charme comme tant d’autres paradis - n’était pas vraiment égyptienne mais était la capitale de ce monde apatride, détaché, mélangé d’Italiens, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs, de Grecs, qui régnait alors sur les rives de la Méditerranée orientale.
La sortie de la traduction française du Quatuor à la fin des années 50 fut un événement (les quatre romans ont paru en traduction française chez Corrêa/Buchet-Chastel, Justine en 1957, Balthazar et Mountolive en 1959 et Cléa en 1960). Annie et moi nous en sommes délectés à l’époque. Une atmosphère sensuelle, orientale, des couleurs chatoyantes, la lumière dans tous ses états, la merveilleuse histoire d’amour de Nessim et de Justine, le style d’un grand poète. Encore aujourd’hui, alors que je ne l’ai jamais relu, j’ai des images dans la tête : le frère copte de Nessim, au bec de lièvre, en silhouette noire sur la terrasse de sa demeure, qui, dans sa fureur, et de son long fouet, abat les chauves-souris qui emplissent la nuit égyptienne ; la chasse aux canards à l’aube sur un lac quelque part dans le Delta, les milliers d’oiseaux qui virevoltent en vrombissant, les coups de feu qui claquent de partout, les couleurs du ciel et des plumages, l’eau fouettée par les chutes des corps et le drame final, l’assassinat d’un des chasseurs ; la maison de prostitution enfantine dans laquelle Mountolive est entrée par erreur et toutes ces petites filles en chemises blanches, comme des anges, poussant des cris plaintifs et de petits rires en cherchant à le toucher dans l’obscurité de leurs petites mains ; la plongée sur l’épave où se balancent doucement au gré des courants les cadavres sans yeux des marins grecs, puis l’horreur, le fusil sous-marin qui se déclenche tout seul, la flèche qui cloue la main de la belle Cléa à la coque de l’épave, main que la narrateur, en suffocant de douleur, est obligé de trancher avec son couteau pour lui sauver la vie. Ne cherchez pas à vérifier l’authenticité de ces images dans l’original. Ce qui est merveilleux avec les beaux livres c’est que votre imagination continue à travailler, à orner, à embellir, à développer les images que l’écrivain a peintes avec ses mots et son émotion à lui. Ce que j’aime aussi c’est la construction même du Quatuor, tout à fait originale : trois livres qui sont pratiquement simultanés dans l’action et où l’on retrouve les mêmes personnages ou presque (Durrell appelle cela des sosies), et un quatrième (Cléa) décalé dans le temps. Les trois premiers montrent, ce que l’on savait déjà, que la réalité n’est pas la même pour tout le monde et le quatrième que le temps dégrade tout.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.