Ecrivains d'Afrique du Sud (L'honneur des Blancs)(22 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
Olive Schreiner
Je trouve que les écrivains blancs d’Afrique du Sud ont, en quelque sorte, sauvé l’honneur des Blancs. Je pense d’abord aux trois écrivains contestataires de l’Apartheid, André Brink, J. M. Coetzee et Nadine Gordimer. Et puis à leur aîné Alan Paton. Mais c’est aussi le cas d’une écrivaine du début du siècle, moins connue, que j’ai découverte, un peu par hasard, en fouillant dans les libraires antiquaires de Johannesbourg, Olive Schreiner. Une sacrée bonne femme ! Fille d'un couple de missionnaires pauvres et stricts, servante dans une ferme, elle décide de devenir écrivain. Elle ne doute de rien, sauf de Dieu (déjà enfant la fille de missionnaires se proclame athée), arrive à se faire éditer sous un pseudonyme masculin (Ralph Iron) et dès le premier roman publié, l'admirable Story of an African Farm, c'est le succès qui lui permet de se faire connaître à Londres. Elle y fréquente le sexologue Havelock Ellis et le socialiste Edward Carpenter, va militer avec les féministes anglaises, puis revient en Afrique du Sud, s'oppose à ce salaud de Cecil Rhodes qui pacifie ce qui va s'appeler plus tard la Rhodésie en accaparant non seulement la terre mais aussi les troupeaux des tribus Ndebele pour les donner aux Blancs (il faudrait rappeler cette histoire au moment où les Anglais se déchaînent contre les saisies des fermes des Blancs ordonnée par Mukele qui est certes un petit dictateur pourri mais qui au fond ne fait que reprendre pour son peuple ce dont il a été spolié il y a cent ans). Elle publie même un livre vengeur : Trooper Peter Halket of Mashonaland qui paraît aux Etats-Unis (en Angleterre cela a été censuré) avec la photo de Noirs pendus à un arbre (j'ai réussi à en acquérir un exemplaire). Pendant la guerre des Boers elle est en opposition totale contre les Anglais et encore une fois contre Rhodes qui avait déjà essayé avec le fameux raid raté de Jameson à exciter les Boers pour justifier la guerre et la mainmise anglaise sur les richesses du Transvaal. Puis elle s'intéresse à nouveau aux questions sociales, rencontre Ghandi, revient aux femmes avec son livre : Women and Labour. Après la guerre elle combat ses anciens amis, les généraux boers Louis Botha et Jan Smuts, sur la question des Noirs (on n'en est pas encore à l'Apartheid mais cela commence). Elle engueule les syndicats ouvriers qui veulent séparer la défense des ouvriers blancs de celle des ouvriers noirs, le fameux colour bar. « Il faut l'union de tous. Si un nouveau venu, Italien, caffre, chinois, accepte des salaires plus bas, c'est le trou dans le navire ». C'est la même position que celle prise par Rosa Luxembourg. Et c'est le drame du socialisme aux Etats-Unis, on en parlera encore. Dès avant la première guerre mondiale elle met en garde tout le monde sur la question noire : l'exploitation des Noirs, c'est l'outil utilisé pour créer notre richesse, elle entraîne la désocialisation, l'expropriation, le blocage de toute possibilité de culture, d'évolution. Alors gare à l'avenir ! Enfin, quand survient la guerre de 14, elle est pacifiste, résolument pacifiste, comme Rosa Luxembourg encore, et comme le fils d’Alsaciens Eugène Victor Debs, le président du Parti Socialiste Américain et qui va languir pendant huit ans en prison pour s'être opposé à l'entrée en guerre des Etats-Unis.
Olive Schreiner est quelqu'un qui s'est faite toute seule contre sa famille, sa culture, sa religion.
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.