Découverte d'Aphra Behn(23 pages) © Copyright bibliotrutt.com |
On ne finit jamais d’apprendre. Mais c’est ce qui fait le sel de la vie. Et pour peu que l’on soit un peu curieux on a de sacrées surprises.
Depuis un certain nombre de mois je travaillais à une note sur Victor Segalen. Or on ne peut parler de Segalen sans évoquer sa conception de l’exotisme. Je suis donc allé rendre visite à l’éditeur Kaïlash, rue Saint-Jacques, sachant qu’il publiait une revue appelée Carnets de l’Exotisme créée par des Universitaires de Poitiers. Et voilà que j’y découvre une autre revue, également éditée par Kaïlash : Les Cahiers du SIELEC (Société internationale des littératures de l’ère coloniale). L’un des numéros (n°2) porte ce titre : Nudité et Sauvagerie – Fantasmes coloniaux dans les littératures coloniales. Je le feuillette, l’achète et y découvre un nom : Aphra Behn. Jamais entendu parler. Un certain Michel Naumann de l’Université Paris-12 rédige la préface et la titre : Introduction sous forme d’hommage à Aphra Behn. Et une doctorante de l’Université Marc Bloch de Strasbourg, Aïda Balvannanadhan, y publie une étude intitulée : Revisiting Aphra Behn’s Oroonoko and unveiling the Muslim Sauvage in current democratic debates. Jamais entendu parler d’Oroonoko non plus. Or ce qu’on dit d’Aphra Behn et de son roman Oroonoko dans ces deux articles m’interpelle. Voilà ce que dit Michel Naumann : « Aphra Behn, romancière, poétesse et auteure dramatique du XVIIème, aventurière à la sulfureuse réputation », décrit une rencontre assez extraordinaire, au Surinam où elle a vécu dans sa jeunesse, entre le héros de son livre, le prince africain Oroonoko accompagné de quelques amis européens avec les Indiens de la forêt locale, cannibales, nus, nobles, fiers et généreux et défend leur culture, souhaitant qu’ils restent isolés dans leur forêt et protégés « des missionnaires trop zélés ou des colons sans scrupules ». Souhait tout à fait surprenant de la part d’une Anglaise, femme, vivant dans la deuxième moitié du XVIIème siècle ! Et, continue Michel Naumann, « elle sait aussi saisir le moment rare, précieux, magique de la rencontre et renverser clichés et fantasmes de la littérature occidentale : les Indiens nus prennent les vêtements de leurs hôtes et en peu de temps, au milieu des rires et des agapes, voici les colons nus et les sauvages habillées ». Bien que la relation que la doctorante de Strasbourg cherche à mettre en évidence entre le roman d’Oroonoko et l’opposition entre Occident et monde musulman m’a paru un peu incongrue j’ai néanmoins été surpris par les extraits qu’elle citait, celui-ci surtout : le chef des négriers réussit à capturer le prince Oroonoko et ses amis par la ruse (en les invitant à un dîner sur son bateau) et prend la mer ; une fois enchaîné, Oroonoko refuse de se nourrir, le capitaine lui fait ses excuses et promet d’accoster dès que possible au rivage et de le libérer ; Oroonoko demande alors qu’on lui enlève ses chaînes et promet de ne rien entreprendre et se soumettre au capitaine du bateau ; mais celui-ci refuse : « il déclara qu’il ne pouvait se résoudre à faire confiance sur sa simple parole à un païen, à un homme qui ne comprenait pas l’idée du dieu que lui-même adorait ».
Etonnant, me suis-je dit, pour une Anglaise du XVIIème siècle !
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Ingénieur - il faut bien vivre - je n'ai pas arrêté de voyager, pour mon travail, de par le monde.
Tout en ne cessant jamais de voyager, plus encore, par mes livres.
Adepte de littérature mondiale d'abord. Et puis comme cette littérature vous apprend que l'Homme est un (comme disait Etiemble), j'ai commencé à m'intéresser tout naturellement à ces sciences que l'on dit humaines et qui nous parlent de religions, de mythes, de folklore, d'ethnologie, de contes de fées, de langues et d'écritures. D'histoire aussi bien sûr.
Et cela fait maintenant presque vingt ans que j'en parle dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, mon premier site. Auquel j'ai joint un deuxième site, mon Bloc-notes, pour des découvertes plus actuelles.
Mais : « tes textes sont trop longs », m'ont dit mes amis.
« Trop de détails, trop de digressions ».
Ils voulaient probablement dire que je devenais trop pédant et que je les ennuyais. Alors j'ai coupé, élagué, re-rédigé, essayé de rendre mes textes plus lisibles, plus attrayants aussi par la typographie, et faciles à télécharger (en PDF qui a l'avantage de conserver les illustrations, notes de bas de pages et pagination ou e-pub pour ceux qui préfèrent ce mode pour leurs liseuses électroniques). Le résultat : ces Carnets d'un dilettante. Voilà. Je ne sais pas si j'ai réussi. Dites-moi ce que vous en pensez. Si vous en avez envie.